Au bout du suspense à Montbauron

Lorsque fut sifflée la fin du match, les spectateurs de Montbauron n’eurent d’yeux que pour son maillot orange fluo. Laissé seul par ses coéquipiers au milieu du terrain, effondré comme après un plongeon dont il ne pouvait plus se relever, Nicolas Caraux, le goal de Versailles, portait sur ses épaules tous les malheurs du monde. Dans ces quelques instants d’hébétude, il semblait déjà revivre cette scène qui allait le hanter pendant les heures à venir. Alors que son équipe était menée 2 à 1, le gardien de but avait eu l’occasion d’égaliser à la dernière minute, en montant sur l’ultime corner jusqu’à la surface de réparation adverse. Mais sa reprise fut contrée, il reçut un coup dans les tibias et réclama à grands cris un penalty, en vain. Celui qui aurait pu être le héros miraculeux de ce 4 janvier 2020 semblait maintenant prêt à disparaitre sous terre. Dénouement tragi-comique pour ces dernières minutes un peu folles de cette rencontre des 32e de finale de Coupe de France opposant les bleus versaillais aux blancs de l’US Granville. Un match qui restera gravé dans les mémoires des joueurs du Phénix, venus autant supporter l’équipe de leur ville d’accueil que découvrir les qualités techniques de footballeurs de très bon niveau.

Bénéficiant de 25 places offertes par la mairie et la direction des sports (merci !), la plupart des garçons découvraient pour l’occasion, avec étonnement, le terrain de Montbauron. Un stade situé en centre-ville, sur les hauteurs d’une butte mais soustrait aux regards : une des particularités de la cité royale. Une température plutôt clémente, une tribune centrale pleine, une ambiance à la fois familiale et débridée, mais jamais agressive pour l’adversaire malgré l’enjeu, les conditions se sont avérées idéales pour les membres du Phénix. Entre le club local de National 3 (premier de sa poule) et des adversaires bien placés en National 2, le match tint agréablement ses promesses. Alerte, tendu, il ménagea plusieurs coups de théâtre, comme les buts inscrits par les visiteurs (une contre-attaque fulgurante et un défenseur yvelinois qui se « troue » sur une attaque anodine). Versailles, qui eût la maîtrise du jeu mais a buté sur une défense intraitable, sort avec les honneurs.

Notons que le groupe du Phénix comptait dans ses rangs deux dissidents en la personne de Sadik, ancien des Mortemets transféré à Gaillon dans l’Eure, et ne cachant pas, clin d’œil et sourire à l’appui, une légère préférence… pour les Normands, et Capucine, une de nos chères accompagnatrices, dont la famille est justement originaire de cette petite ville située dans la baie du Mont St-Michel. Qu’importe, le Phénix accueille tout le monde ! Débutée avec un entrainement sur le terrain de Jussieu, la journée fut joyeuse et festive, malgré l’élimination du FCV. Une défaite d’autant plus piquante que le tirage au sort du tour suivant désigna l’Olympique de Marseille comme opposant à Granville. Versailles-OM, cela aurait eu de l’allure… et auguré d’un sacré moment pour les joueurs du Phénix. «Pas grave, une prochaine fois» – une expression que l’on entend, assez régulièrement, chez les demandeurs d’asile.


Bonne nouvelle pour ce début 2020

Super nouvelle pour un des joueurs du Football Club Phénix de Versailles en ce début d’année 2020 : Yahya, originaire du Soudan, joueur du Phénix depuis plus de 2 ans (septembre 2017), assumant les rôles de capitaine et de préparateur physique, vient d’obtenir le statut de réfugié pour 10 ans auprès de l’Ofpra.

Yahya avec le nouveau maillot du Phénix

Après une longue errance en Libye, en Italie et plus de deux années en France, ponctuées d’attentes, d’incertitudes, de convocations et de démarches, le soulagement et de nouvelles perspectives s’offrent à lui.

Trouver un travail et un logement, fonder une famille et avoir une vie sociale stable, il est conscient que les années à venir seront difficiles. Mais il est motivé et confiant. D’ailleurs, il devrait commencer d’ici quelques semaines une formation comme animateur sportif.

Yahya avec Steven Nzonzi

Yahya remercie toutes les personnes qui l’ont soutenu et accompagné durant toutes ces années.

Nous nous joignons à ces remerciements et lui souhaitons bonne chance et bon courage pour la suite. Bien-sûr, nous avons une pensée pour tous les autres joueurs du Phénix qui sont encore en demande d’asile ou en procédure Dublin, nous leurs souhaitons le même destin et nous continuerons à les accompagner et à les soutenir dans leurs démarches.

Yahya du temps où il évoluait à Coignières

Le Football Club Phénix de Versailles, ses joueurs et ses bénévoles, en profitent pour vous souhaiter une bonne année 2020, pleine de bonheur et de réussite.