Encore une journée constrastée

Ce mercredi 24 janvier 2018 restera dans la mémoire de beaucoup des joueurs du Football Club Phénix de Versailles, en bien pour 11 d’entre eux ou en très mauvais pour 2 autres.

En effet, nous avons eu la confirmation qu’un de nos joueurs a été expulsé en Italie. Tout est allé très vite, trop vite : A. avait rendez-vous lundi à la préfecture  de Police de Paris, dans le fameux 8e bureau (nous n’apprendrons son nom et sa réputation qu’après). Un des bénévoles du club et un autre joueur l’accompagnent pour le rassurer, l’inciter à refuser le transfert et assurer la traduction. Après une longue attente, il est reçu quelques minutes et finit par être menotté et emmené au CRA de Vincennes. Nous n’aurons plus de nouvelles de lui jusqu’à ce mercredi, où nous apprenons qu’il a été renvoyé en Italie, son pays de Dublin. Il n’a pas dû/pu refuser d’embarquer.

Quant au second des malheureux, il a appris ce mercredi que son statut de réfugié a été refusé par l’OFPRA. Imaginez sa déception…

Pour les 11 chanceux, la Fondation PSG nous a offert des places pour assister au match PSG-Guingamp de ce mercredi à 18h30. Nous avons reçu les places le mardi à 16h00. Nous, bénévoles, avions donc 26 heures pour choisir les joueurs à emmener et pour organiser le déplacement Versailles-Paris, malgré l’ambiance morose, sachant que nous avons aussi un travail en journée.

Très rapidement, onze joueurs nous confirment leur intérêt et leur disponibilité. Nous envoyons la liste des 11 et 2 accompagnateurs à la fondation mercredi à 11h00, qui nous édite rapidement les billets. À 13h00, un joueur nous annonce qu’il a un rendez-vous. À 14h00, nous lui trouvons (facilement) un remplaçant : c’est un de nos joueurs qui dort dans un gymnase à Paris depuis son expulsion de Versailles. Nouveau mail à la fondation, qui édite en moins d’une demi-heure le billet avec le nouveau nom.

En fin d’après-midi, tous les gars prévus sont au rendez-vous et à l’heure à Versailles, avec Pass Navigo et récépissé en poche. C’est le début des séances photos. Après une inquiétude sur la possibilité de prendre le RER C jusqu’à Javel à cause des inondations de la Seine, nous finissons par embarquer dans le RER puis le métro. Les deux joueurs qui étaient sur Paris nous retrouvent en chemin et on approche du Parc des Princes. Nouvelle séance de photos devant le stade et on se sépare en deux groupes, les places que nous avons ne sont pas contiguës car elles ont été offertes par des abonnés du PSG à la Fondation, et la Fondation nous les a offertes. Une vraie chaîne de solidarité.

Le reste se passe de commentaires : les yeux qui brillent, six buts pendant le match, des supporters du PSG qui mettent une ambiance de feu, des chants repris en cœur, 1 200 photos prises par nos gars (estimation !), des cris de joie pour chaque but marqué et des sourires sur tous les visages.

Retour à 22 h 00 à Versailles où une autre de nos bénévoles nous attend avec des sandwiches et des fruits. Les gars attrapent le dernier bus pour rejoindre leur centre, sans oublier de nous remercier pour ce moment inoubliable.

Merci à la Fondation PSG et à ses collaboratrices qui ont fait preuve de professionnalisme et d’une grande disponibilité, et aux abonnés du PSG qui ont rendu heureux 11 réfugiés venus d’Afghanistan, du Soudan, de Guinée et de Centrafrique, au moins le temps de quelques heures, leur faisant un peu oublier leur situation difficile et les mauvaises nouvelles qui s’accumulent ces jours-ci.

Bien-sûr, nous espérons avoir l’occasion d’emmener nos autres joueurs lors d’une prochaine rencontre, au Parc des Princes ou ailleurs…

Cinq licenciés FFF mais dure réalité

En ce début d’année 2018, l’aventure du Football Club Phénix de Versailles, une équipe tout terrain, continue à déployer toute une palette d’émotions et de sentiments, qui oscille entre joie, colère, espoir, fierté, déception,  enthousiasme, tristesse et solidarité.

Depuis le début de l’aventure (début 2017), grâce aux partenariats engagés avec les clubs de la région de Versailles, mais surtout grâce au bon niveau et à la forte motivation des jeunes en question, déjà 5 des joueurs passés par le Football Club Phénix ont pu intégrer des clubs de la FFF (Fédération Française de Football) dans les Yvelines ou ailleurs. Deux sont encore sous le coup de la redoutable procédure Dublin, deux sont en procédure normale et un a déjà le statut de réfugié. Nous les avons accompagnés dans leurs démarches (fiche d’inscription, accompagnement à la visite médicale, prêt pour la licence) et nous continuons à les suivre avec fierté, certains mettent un point d’honneur à continuer à s’entraîner avec nous quand leur planning le permet.

En ce mois de janvier 2018, c’est avec tristesse que nous perdons deux éléments forts de l’encadrement du club, pour de bonnes raisons, puisqu’ils partent vivre de nouvelles aventures.

Max

Max était médiateur dans le centre d’hébergement de Versailles d’où sont issus la grande majorité de nos joueurs. Il a été pendant plusieurs mois un relais important et une référence pour les garçons. En plus, Max a pris un nombre impressionnant de photos qu’il a pris soin de donner à chacun des joueurs qu’il connait et qu’il nous a autorisé à diffuser sur ce site. Grand merci à lui.

Alice à l’entraînement

Alice est arrivée en septembre 2017 à Versailles. A 22 ans, elle venait de terminer une mission humanitaire en Guinée. Elle n’a pas attendu deux semaines pour chercher une association à aider près de chez elle et c’est avec chance qu’elle a rejoint le collectif Voisins Solidaires de Versailles qui héberge le Football Club Phénix. Sa connaissance de l’Afrique et du football, sa jeunesse, son ouverture d’esprit et son dynamisme ont été très appréciés par les joueurs et l’encadrement. Un peu comme nous tous, Alice a tout fait au sein du club : entraîneuse, arbitre, cuisinière, confidente, aide-soignante, chauffeuse… Elle s’est vite rendue incontournable et a été très vite intégrée, particulièrement par les Guinéens, très impressionnés de voir une frêle jeune femme leur parler en poular, une des nombreuses langues qu’Alice maîtrise.
Alice et Max vont manquer à l’ensemble des membres du club, ils auront toujours une place dans le cœur des joueurs et des encadrants.

La semaine dernière, nous avons eu la visite d’un ancien du club, qui, passant quelques jours à Paris, a tenu à venir jouer dans son club du temps où il était à Versailles. C’est toujours une joie de revoir les anciens transférés en province, de voir comment ils ont progressé, en français et des fois aussi au football. Certains se sont remplumés, ont pris en maturité et en confiance en eux, c’est toujours agréable.

La colère s’exprime en raison des expulsions imminentes hors de France que subissent plusieurs de nos joueurs, soit vers l’Italie ou l’Allemagne, soit carrément vers l’Afghanistan pour deux d’entre eux. Tant d’énergies, de combats et d’espoirs gâchés par de simples décisions, souvent complètement absurdes. Les gars ne réagissent pas tous de la même manière, certains gardent la foi, d’autres se résignent, certains s’enferment, d’autres continueront à se battre, même après avoir pris l’avion.
Expulsions également de deux autres jeunes de leur hébergement, sans proposition de solution de rechange, mettant à mal l’hébergement inconditionnel, aussi appelé accueil immédiat et inconditionnel en hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile. Bien-sûr, nous faisons notre possible pour leur trouver des solutions et leur éviter de se retrouver à la rue, ce qui malheureusement arrive pour certains d’entre d’eux.
À la rue ou hors de France, nous avons une pensée particulière pour ces jeunes.

Pas mal de transferts en ce mois de janvier, les gars doivent changer d’hébergement en quelques jours, pour certains à Marseille, pour d’autres en Bretagne. Pas de logique apparente dans les transferts, si ce n’est qu’ils concernent particulièrement les gars en procédure normale (de demande d’asile). L’équilibre du club est ébranlé à chaque départ, la déception est réelle, tant pour ceux qui partent, que pour ceux qui restent. Nous essayons de les convaincre qu’un transfert en province peut être bénéfique pour eux, meilleure prise en charge, meilleures conditions d’hébergement (chambre à quelques-uns et pas dortoir, chambre qui ferme à clef, liberté d’aller et de venir…), meilleur suivi… Mais les derniers entraînements avant leur départ et les adieux sont déchirants. Heureusement, nous gardons le contact sur les réseaux sociaux.

Malgré tout, la motivation et l’enthousiasme des joueurs et des bénévoles sont toujours intacts. Malgré le froid, la pluie et les dures réalités de leur conditions, les entraînements se poursuivent, nous avons toujours des rencontres programmées dans les jours à venir, et nous avons beaucoup de nouveaux arrivants, particulièrement des Tibétains.

Et les signes de solidarité et de soutien continuent chaque semaine, que ce soit par le biais de nos partenaires, ou bien par les messages de soutien sur Internet ou au bord des terrains. Nous avons beaucoup de dirigeants et joueurs de football ou de rugby de Versailles qui nous abordent spontanément pour s’informer, nous remercier, nous donner des crampons ou des vêtements de sport ou faire des tournois sur les différents stades de Versailles que nous côtoyons (on pense les avoir presque tous faits…).

Merci à vous tous qui nous suivez et nous encouragez, vous êtes notre force.

Le Phénix, une équipe tout terrain

Avec deux matches en nocturne, le Phénix a vécu une fin d’année 2017 animée chez des adversaires dont le sens de l’accueil a réchauffé nos joueurs peu habitués à se confronter au froid.

Le 30 novembre, l’équipe se déplaçait à Rueil-Malmaison chez l’Association Sportive et Culturelle de BNP Paribas, un club inscrit en championnat FSGT (Fédération Sportive et gymnique du Travail). Une neige abondante, que certains voyaient pour la première fois, accompagnait le déplacement jusque dans la ville des Hauts-de-Seine et laissait craindre le pire pour le déroulement de la rencontre. Mais à l’arrivée à Rueil, coup de pouce du destin : les flocons cessèrent de tomber et la partie put se dérouler sur un terrain recouvert d’une fine pellicule blanche. Un match revigorant, où les footballeurs du Phénix, pourtant peu habités à jouer à 11 sur un grand terrain, firent preuve d’une cohésion enviable et d’une belle réactivité, comme en témoigne le score final (7-6, et la joie d’une courte victoire ajoutant au plaisir d’être là, avec des buts de Adel, Annour, Ismaël, Zaïnoul et Khalid).

Le match a donné lieu à un article bien documenté de l’hebdomadaire Toutes les Nouvelles de Versailles, déjà signataire par le passé d’un papier nous concernant.

À noter que l’appel au don sur Internet lancé il y a quelques semaines a permis d’offrir à une partie des joueurs bonnets, gants, collants etc, particulièrement bienvenus ce soir-là. Mais le Phénix manque encore d’équipements, dont des crampons, et fait appel aux bonnes volontés… et aux stocks non utilisés.

Le 14 décembre, le scénario climatique fut à peu près le même : pluie et vents à quelques dizaines de minutes du coup d’envoi, accalmie juste avant. Le Phénix visitait ce soir-là l’Association Sportive Versailles Jussieu pour la seconde fois, après un première rencontre en juin qui s’était achevée par une mémorable soirée dansante.

https://www.facebook.com/Association-Sportive-Versailles-J…/

Toujours aussi amicaux et bienveillants, nos hôtes ne firent pourtant pas de cadeaux sur le terrain, puisque six buts furent inscrits au Phénix, qui en rendit tout de même 4 au compteur. Une partie alerte, au rythme soutenu, qui se conclut par un verre de l’amitié autour de pizzas revigorantes. A noter la visite des joueurs du club de Coignères, rencontré il y a quelques semaines, en déplacement jusqu’à Jussieu pour nous apporter des jeux de maillots. Vraiment sympa.

Esprit sportif, fair play et engagement étaient au rendez-vous lors de ces deux soirées. Nos joueurs ont grandement apprécié l’accueil et la solidarité de nos hôtes. Merci à ces deux équipes et leurs dirigeants.

Le calendrier du Phénix s’annonce chargé dès cette rentrée pour le Phénix, puisque Trappes, la Celle-Saint-Cloud, le Mesnil ou Meudon vont nous recevoir (dates à déterminer).

À tous, ami(e)s, sympathisant(e)s, accompagnateurs et accompagnatrices, observateurs, joueurs, joueuses ou dirigeant(e)s, le Phénix souhaite une bonne année 2018, pleine de passes décisives et d’ouvertures magistrales.