Ali S. : “Xavi, mon modèle”.

Ali (à gauche), à l’entrainement avec le Phénix

Cette interview d’Ali S. inaugure notre collection de témoignages qui s’enrichira au fil des semaines.


A droite, avec son cousin Annour

“Des sacs, des cailloux, des habits… Quand j’étais enfant nous fabriquions mes amis et moi des poteaux avec ce qui nous tombait sous la main. On jouait dans une ruelle, à côté de la grande route qui traverse le Troisième arrondissement, ce quartier de Bangui, la capitale de Centrafrique, où j’ai grandi.


Le quartier du 3ème arrondissement

En primaire, nous allions à l’école de 6h à 12h ; l’après-midi nous avions donc tout le temps de penser au football. Un jour, quand j’étais adolescent, un des entraîneurs du FC Koudoukou est venu nous voir jouer.

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Deux vues de Bangui

Il m’a repéré et proposé de venir m’inscrire au club. Mais la saison était déjà commencée depuis longtemps, je ne pouvais pas intégrer l’équipe 1. L’année suivante, j’ai fait partie du groupe des 23 joueurs, mais j’ai surtout joué des matches amicaux. Pour le championnat, j’étais souvent sur le banc. Le poste que je préfère, c’est n° 6, milieu axial et récupérateur. Mais en 2013, j’ai dû fuir mon pays à cause de la guerre entre les milices de la Seleka (musulmans) et celles des anti-balaka (chrétiens). J’étais alors en danger de mort. Jusqu’au printemps 2017 et le moment où j’ai rejoué avec le Phénix de Versailles, je n’ai plus touché un ballon. Pendant cette longue période, je pense avoir perdu un peu de ma technique et de ma condition physique. J’ai commencé à retrouver mes sensations avec le Phénix.


En action sous le maillot du Phénix, contre le FC Coignères

En Centrafrique, il y a un joueur que je préfère, c’est Moussa Limane, que l’on surnomme “Hélico”. Je le connais personnellement, c’était un voisin de mon quartier. Il joue maintenant en équipe nationale et évolue à l’étranger, au Kaspyi FC, en 2e division du championnat du Kazakhstan. En juillet 2017, il a même été élu meilleur joueur de la saison. Il a dédié son trophée à la Centrafrique (1).


Moussa “Hélico” Limane

Mon équipe préférée, c’est le FC Barcelone.

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Au niveau international, le joueur qui m’a beaucoup impressionné, c’est Thierry Henry. Je voyais tous ces buts à la télé lorsque j’étais plus jeune. Je me souviens particulièrement de celui qu’il a inscrit en Coupe du monde contre le Brésil, en 2006, sur un coup-franc de Zinedine Zidane.

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Résultat de recherche d'images pour "thierry henry bresil 2006"Le but de Thierry Henry contre le Brésil en 2006

J’aime aussi beaucoup Xavi Hernandez, l’ancien capitaine de Barcelone. Quelqu’un qui joue d’abord pour l’équipe, et fait beaucoup de bonnes passes. Un joueur modèle, pour moi.


Xavi Hernandez, capitaine mythique du FC Barcelone

J’ai été transféré à Riec-sur-Belon en janvier dernier, je joue maintenant dans le club local, où j’ai une licence.

(1) «C’est avec grand honneur que je partage ce trophée de meilleur joueur du championnat avec toute la nation centrafricaine, sans distinction. Que tu sois chrétien ou musulman, on n’a qu’un seul pays. Laissons la haine, cultivons la paix pour que notre pays aille de l’avant» Moussa ‘Hélico’ Limane, 2017

 

Le Phénix, une équipe tout terrain

Avec deux matches en nocturne, le Phénix a vécu une fin d’année 2017 animée chez des adversaires dont le sens de l’accueil a réchauffé nos joueurs peu habitués à se confronter au froid.

Le 30 novembre, l’équipe se déplaçait à Rueil-Malmaison chez l’Association Sportive et Culturelle de BNP Paribas, un club inscrit en championnat FSGT (Fédération Sportive et gymnique du Travail). Une neige abondante, que certains voyaient pour la première fois, accompagnait le déplacement jusque dans la ville des Hauts-de-Seine et laissait craindre le pire pour le déroulement de la rencontre. Mais à l’arrivée à Rueil, coup de pouce du destin : les flocons cessèrent de tomber et la partie put se dérouler sur un terrain recouvert d’une fine pellicule blanche. Un match revigorant, où les footballeurs du Phénix, pourtant peu habités à jouer à 11 sur un grand terrain, firent preuve d’une cohésion enviable et d’une belle réactivité, comme en témoigne le score final (7-6, et la joie d’une courte victoire ajoutant au plaisir d’être là, avec des buts de Adel, Annour, Ismaël, Zaïnoul et Khalid).

Le match a donné lieu à un article bien documenté de l’hebdomadaire Toutes les Nouvelles de Versailles, déjà signataire par le passé d’un papier nous concernant.

À noter que l’appel au don sur Internet lancé il y a quelques semaines a permis d’offrir à une partie des joueurs bonnets, gants, collants etc, particulièrement bienvenus ce soir-là. Mais le Phénix manque encore d’équipements, dont des crampons, et fait appel aux bonnes volontés… et aux stocks non utilisés.

Le 14 décembre, le scénario climatique fut à peu près le même : pluie et vents à quelques dizaines de minutes du coup d’envoi, accalmie juste avant. Le Phénix visitait ce soir-là l’Association Sportive Versailles Jussieu pour la seconde fois, après un première rencontre en juin qui s’était achevée par une mémorable soirée dansante.

https://www.facebook.com/Association-Sportive-Versailles-J…/

Toujours aussi amicaux et bienveillants, nos hôtes ne firent pourtant pas de cadeaux sur le terrain, puisque six buts furent inscrits au Phénix, qui en rendit tout de même 4 au compteur. Une partie alerte, au rythme soutenu, qui se conclut par un verre de l’amitié autour de pizzas revigorantes. A noter la visite des joueurs du club de Coignères, rencontré il y a quelques semaines, en déplacement jusqu’à Jussieu pour nous apporter des jeux de maillots. Vraiment sympa.

Esprit sportif, fair play et engagement étaient au rendez-vous lors de ces deux soirées. Nos joueurs ont grandement apprécié l’accueil et la solidarité de nos hôtes. Merci à ces deux équipes et leurs dirigeants.

Le calendrier du Phénix s’annonce chargé dès cette rentrée pour le Phénix, puisque Trappes, la Celle-Saint-Cloud, le Mesnil ou Meudon vont nous recevoir (dates à déterminer).

À tous, ami(e)s, sympathisant(e)s, accompagnateurs et accompagnatrices, observateurs, joueurs, joueuses ou dirigeant(e)s, le Phénix souhaite une bonne année 2018, pleine de passes décisives et d’ouvertures magistrales.