Cinq licenciés FFF mais dure réalité

En ce début d’année 2018, l’aventure du Football Club Phénix de Versailles, une équipe tout terrain, continue à déployer toute une palette d’émotions et de sentiments, qui oscille entre joie, colère, espoir, fierté, déception,  enthousiasme, tristesse et solidarité.

Depuis le début de l’aventure (début 2017), grâce aux partenariats engagés avec les clubs de la région de Versailles, mais surtout grâce au bon niveau et à la forte motivation des jeunes en question, déjà 5 des joueurs passés par le Football Club Phénix ont pu intégrer des clubs de la FFF (Fédération Française de Football) dans les Yvelines ou ailleurs. Deux sont encore sous le coup de la redoutable procédure Dublin, deux sont en procédure normale et un a déjà le statut de réfugié. Nous les avons accompagnés dans leurs démarches (fiche d’inscription, accompagnement à la visite médicale, prêt pour la licence) et nous continuons à les suivre avec fierté, certains mettent un point d’honneur à continuer à s’entraîner avec nous quand leur planning le permet.

En ce mois de janvier 2018, c’est avec tristesse que nous perdons deux éléments forts de l’encadrement du club, pour de bonnes raisons, puisqu’ils partent vivre de nouvelles aventures.

Max

Max était médiateur dans le centre d’hébergement de Versailles d’où sont issus la grande majorité de nos joueurs. Il a été pendant plusieurs mois un relais important et une référence pour les garçons. En plus, Max a pris un nombre impressionnant de photos qu’il a pris soin de donner à chacun des joueurs qu’il connait et qu’il nous a autorisé à diffuser sur ce site. Grand merci à lui.

Alice à l’entraînement

Alice est arrivée en septembre 2017 à Versailles. A 22 ans, elle venait de terminer une mission humanitaire en Guinée. Elle n’a pas attendu deux semaines pour chercher une association à aider près de chez elle et c’est avec chance qu’elle a rejoint le collectif Voisins Solidaires de Versailles qui héberge le Football Club Phénix. Sa connaissance de l’Afrique et du football, sa jeunesse, son ouverture d’esprit et son dynamisme ont été très appréciés par les joueurs et l’encadrement. Un peu comme nous tous, Alice a tout fait au sein du club : entraîneuse, arbitre, cuisinière, confidente, aide-soignante, chauffeuse… Elle s’est vite rendue incontournable et a été très vite intégrée, particulièrement par les Guinéens, très impressionnés de voir une frêle jeune femme leur parler en poular, une des nombreuses langues qu’Alice maîtrise.
Alice et Max vont manquer à l’ensemble des membres du club, ils auront toujours une place dans le cœur des joueurs et des encadrants.

La semaine dernière, nous avons eu la visite d’un ancien du club, qui, passant quelques jours à Paris, a tenu à venir jouer dans son club du temps où il était à Versailles. C’est toujours une joie de revoir les anciens transférés en province, de voir comment ils ont progressé, en français et des fois aussi au football. Certains se sont remplumés, ont pris en maturité et en confiance en eux, c’est toujours agréable.

La colère s’exprime en raison des expulsions imminentes hors de France que subissent plusieurs de nos joueurs, soit vers l’Italie ou l’Allemagne, soit carrément vers l’Afghanistan pour deux d’entre eux. Tant d’énergies, de combats et d’espoirs gâchés par de simples décisions, souvent complètement absurdes. Les gars ne réagissent pas tous de la même manière, certains gardent la foi, d’autres se résignent, certains s’enferment, d’autres continueront à se battre, même après avoir pris l’avion.
Expulsions également de deux autres jeunes de leur hébergement, sans proposition de solution de rechange, mettant à mal l’hébergement inconditionnel, aussi appelé accueil immédiat et inconditionnel en hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile. Bien-sûr, nous faisons notre possible pour leur trouver des solutions et leur éviter de se retrouver à la rue, ce qui malheureusement arrive pour certains d’entre d’eux.
À la rue ou hors de France, nous avons une pensée particulière pour ces jeunes.

Pas mal de transferts en ce mois de janvier, les gars doivent changer d’hébergement en quelques jours, pour certains à Marseille, pour d’autres en Bretagne. Pas de logique apparente dans les transferts, si ce n’est qu’ils concernent particulièrement les gars en procédure normale (de demande d’asile). L’équilibre du club est ébranlé à chaque départ, la déception est réelle, tant pour ceux qui partent, que pour ceux qui restent. Nous essayons de les convaincre qu’un transfert en province peut être bénéfique pour eux, meilleure prise en charge, meilleures conditions d’hébergement (chambre à quelques-uns et pas dortoir, chambre qui ferme à clef, liberté d’aller et de venir…), meilleur suivi… Mais les derniers entraînements avant leur départ et les adieux sont déchirants. Heureusement, nous gardons le contact sur les réseaux sociaux.

Malgré tout, la motivation et l’enthousiasme des joueurs et des bénévoles sont toujours intacts. Malgré le froid, la pluie et les dures réalités de leur conditions, les entraînements se poursuivent, nous avons toujours des rencontres programmées dans les jours à venir, et nous avons beaucoup de nouveaux arrivants, particulièrement des Tibétains.

Et les signes de solidarité et de soutien continuent chaque semaine, que ce soit par le biais de nos partenaires, ou bien par les messages de soutien sur Internet ou au bord des terrains. Nous avons beaucoup de dirigeants et joueurs de football ou de rugby de Versailles qui nous abordent spontanément pour s’informer, nous remercier, nous donner des crampons ou des vêtements de sport ou faire des tournois sur les différents stades de Versailles que nous côtoyons (on pense les avoir presque tous faits…).

Merci à vous tous qui nous suivez et nous encouragez, vous êtes notre force.